Des Trucs Chouettes (2)
Parce que, plus que jamais, il faut se concentrer sur ce qui est agréable et rend l'existence plaisante. Et le partager.
N°2 - Janvier 2022
Les Trucs qui me plaisent ce mois-ci
La Série TV
Quarry.
C’est (encore !) sur OCS que j’ai déniché cette discrète pépite. Attention tout de même : c’est parfois assez violent. Le pitch est simple. Un ancien marine de retour du Vietnam vit la double, voire triple peine habituelle : là où il croyait défendre son pays et son modèle de civilisation, il découvre qu’il passe désormais, peut-être à juste titre, pour un criminel de guerre. Quant à la réinsertion et à la reconnaissance qu’on lui avait fait miroiter, il peut courir…
C’est tout en finesse, en nuances, en empathie et pourtant très à distance. L’esthétique, très seventies rappelle celle de L’Epouvantail de Jerry Schatzberg. Les personnages ne sont jamais monolithiques et souvent attachants, même les pires. C’est remarquablement interprété, notamment par Logan Marshall-Green dans le rôle principal et l’étonnant Peter Mullan, la discrète Jodi Balfour ainsi que la touchante Nikki Amuka-Bird.
L’Amérique des années 70, la drogue, le racisme systémique, le traumatisme des vétérans, leur impossibilité de réinsertion, leur place disparue jusqu’à la maison, la plaie béante de la guerre du Vietnam, tout est traité sans esbroufe, avec, toutefois, un dernier épisode étourdissant où l’on se régale d‘un plan-séquence digne des grands moments du Fils de L’Homme (les fans apprécieront) et un plan final en zoom arrière très entomologiste dans l’idée, et années 70 dans la forme.
La Radio Fiction
Je vais encore vous parler de Cédric Aussir, réalisateur de fictions dont j’admire toujours le travail. Probation est un podcast original de France Culture, que j’ai dévoré (avec les oreilles) en un week-end. Ecrit par Mahi Bena, avec une pléïade d’acteurs formidables. Salim Kechiouche y est Bouziane, le personnage principal, en probation à sa sortie de prison, de retour dans sa cité de banlieue. Tout est vrai, simple, crédible et, du coup, extrêmement touchant dans cette histoire. Et c’est l’indécrottable banlieusard qui le prétend ! Passionnant.
Les Podcasts
A l’occasion des 100 ans de la radio, dont la célébration va s’étaler sur encore quelques mois (ce qui m’arrange bien, on en reparlera), nous avons mis en ligne, avec mon pote Michel Brillié, un petit site d’archives avec des pépites sonores pour les amoureux du média. Radiophile.fr, ce sont des interviewes exclusives de pionniers d’Europe 1 comme Robert Marcy, Fernand Choisel, Jacques Ourevitch, Laurent Cabrol, Sam Bernett, etc… qui se sont racontés à Michel Brillié. Ainsi que Jean-Loup Lafont et Hubert.
Pour ma part, j’ai ressorti quelques pépites, comme l’extrait d’une longue émission avec Pierre Perret où il interprète en direct Le Tord Boyaux, accompagné au limonaire et avec la complicité de… Marcel Gotlib ! Rhâa Lovely !
Mais aussi une longue discussion déjantée avec mon voisin David Grossexe autour de Carbone 14…
Il y a enfin l’ami Claude Wargnier pour parler de Brassens et Europe 1.
Que du bon !
D’autres sont à venir…
La Lecture du moment
Attention pépite dangereuse. J’ai parlé dans le précédent numéro de mon dernier voyage aux Comores où je me rends régulièrement pour participer au soutien des médias locaux. A chaque fois que je vais dans un pays pour y travailler en radio, notamment, j’aime me plonger dans sa littérature. Il n’y a pas beaucoup d’écrivains comoriens publiés en français. J’avais beaucoup aimé “Le Bal des Mercenaires”, de Aboubacar Saïd Salim (L’Harmattan), d’une facture assez classique car l’auteur a fait ses classes sous la domination française, et je viens de découvrir “La Secte de la Virginité” de Fahoudine Ahamada-Mzé (Kwanzaa Editions).
Ce bouquin est une merveille mais aussi un objet franchement traumatisant. La description de la vie des filles comoriennes, sur place ou dans les cités françaises, est d’une violence implacable, à la limite de l’insoutenable. Les trois premières lignes claquent en pleine figure et le reste sera tout aussi violent. Mais cette dénonciation jamais gratuite, jamais complaisante, est portée par une écriture d’une richesse inouïe, une plume tour à tour poétique, vibrante et pleine de vigueur, d’autant renforcée par les fautes de français (accords, fautes de frappe…) qui nous rappellent que ce n’est peut-être même pas la langue maternelle de l’auteur. Ça n’en a que plus de poids. Le genre de roman où on ne comprend pas tout à la première lecture, mais dont on a besoin de se remettre avant de s’y replonger…
Le Clip du Mois
Une petite douceur avant de se quitter. Je viens de découvrir (merci les réseaux sociaux !) cette petite chose douce-amère, qui risque juste de s’installer pour la journée entre vos oreilles…
On se reparle le mois prochain, si vous ne vous êtes pas désabonné d’ici là. Vous avez tout à fait le droit mais, entre nous, ce serait quand même vraiment dommage !
;-)
Remy